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Emmanuel Bove
 
 
 
 
 
 

 
Lorsqu'Emmanuel Bove meurt, en 1945, ses livres ne sont quasiment plus édités et il est oublié. Il faudra attendre 1977, et des rééditions très dispersées, pour commencer à le redécouvrir. Toujours mal connu, il a pourtant des lecteurs fervents - et des traducteurs tout aussi passionnés, tel Peter Handke en Allemagne.
 
Il commence à écrire vers 1922. Tout d'abord de nombreux romans populaires, sous le pseudonyme de Jean Valois. "J'ai commencé par une centaine de milliers de lignes de romans populaires. J'en faisais cent lignes à l'heure, huit cents lignes par jour, c'est-à-dire un volume en dix ou douze jours. Un travail absolument étranger à celui de l'écrivain. C'est comme si j'avais, à cette époque, exercé un autre métier. " (Interview à Candide, février 1928)
 
Avec l'aide de Colette, qui a remarqué une de ses nouvelles parue dans Le Matin, il publie son premier livre sous son nom: Mes Amis. Sorti en 1924, le livre est un succès et séduit des auteurs aussi divers que Rilke, Max Jacob ou Sacha Guitry. Jusqu'à la guerre, il continue d'écrire abondamment (Armand, Un soir chez Blutel, Bécon-les-Bruyères, La coalition...) tout en collaborant à des journaux et à des revues proches du Front Populaire.
 
D'ascendance juive, anti-fasciste reconnu, il passe la seconde guerre dans la clandestinité. Il s'installe à Alger en 1942: c'est là qu'il contracte le paludisme qui l'emportera trois ans plus tard. "Bove menait une vie presque crépusculaire. Quelquefois il portait la main à son visage, non tant pour étouffer une quinte de toux que pour escamoter une grimace provoquée par la douleur. A l'apercevoir dans la rue, toujours pâle et émacié, on avait le sentiment qu'il allait disparaître, que demain il n'allait plus être parmi nous aux réunions de la revue Fontaine, de Renaissance, de l'Arche, des Cahiers antiracistes. Il s'absentait souvent pour des séjours à l'hôpital mais ne parlait pas de son mal." (Enrico Terracini)
 
On peut dire d'Emmanuel Bove qu'il est l'homme du contre-courant. Il n'appartient à aucun groupe, aucun salon, aucun mouvement. Il a du succès mais ne remporte aucun prix littéraire. Ecrivain anti-fasciste, il ne participe à aucune pétition, aucune manifestation. Alors que Drieux doute, que Céline hait, qu'Aragon poétise le communisme triomphant et que Malraux voltige de l'Indochine à l'Espagne, Bove, pudique, parle de Bécon-les-Bruyères, d'anti-héros muets de gaucherie (La Coalition), de machines administratives kafkaïennes (Le Piège) ou de passions maladroites et vouées à l'échec (Un amour de Pierre Neuhart).
 
Les critiques lui trouvent des correspondances avec le Douanier Rousseau en peinture. C'est un peu le réduire, même si la pudeur, l'air de "ne pas y toucher" se ressemblent. Bove est incisif, minutieux, et sa peinture de la vie intérieure en fait un auteur intemporel. C'est à la fois le romancier de la faillite sociale et de la misère intime. On le disait timide, silencieux, solitaire - "pathologiquement discret" dit Soupault. Aussi anti-héro que ses anti-héros, il semble avoir lui même forgé l'oubli dans lequel on le tient encore. Est-ce pour cela que son nom est régulièrement omis des dictionnaires et des anthologies?
 
 
 
 
 

 
Emmanuel Bove - un site exemplaire.