Jean Ray
Jean Ray (1887-1964)

 
Raymond Jean de Kremer naît à Gand en 1887. Dès 1910, il commence à écrire dans diverses revues sous deux pseudonymes: Jean Ray et John Flanders, tout en poursuivant une carrière tranquille dans l'administration. C'est sous celui de Jean Ray qu'il publie, à 38 ans, son premier livre, les Contes du Whisky.
 
1933 voit la naissance de son héros, le détective Harry Dickson. Les titres s'enchaînent alors à toute allure, entre nouvelles policières (Le châtiment des Foyles, Les vengeurs du diable, Les étoiles de la mort, Le fauteuil 27, Le temple de fer, Le lit du diable...) et romans d'épouvante (La cité de l'indicible peur, Le carrousel des maléfices, Les cercles de l'épouvante, Malpertuis - qui a donné lieu en 1972 à une superbe adaptation cinématographique de Harry Kümel, avec Orson Welles)... On imagine alors assez mal comment, à ce rythme frénétique, Jean Ray aurait pu trouver en outre le temps de pirater sur tous les océans, ainsi que le raconte la biographie des Editions Marabout: "Trafiquant à l'époque légendaire de la prohibition, Jean Ray sillonna toutes les mers du monde sur différents vaisseaux plus ou moins fantômes, mêlé sans cesse aux écumeurs de mers et aux pirates, dont il était un des derniers représentants". La réalité plus prosaïque d'une existence paisible de fonctionnaire n'empêche pas Jean Ray d'avoir fait frémir et rêver quelques générations de lecteurs.
 
C'est à la fin de sa vie que Jean Ray connaît un énorme succès. En 1961, les Editions Marabout publient ses 25 Histoires noires et fantastiques, puis entreprennent la réédition de ses principaux livres; c'est sous les couvertures délicieusement désuètes de la Bibliothèque Marabout que beaucoup ont découvert les mondes de Jean Ray.
 
Comme Stephen King maintenant, Jean Ray a la plume facile. Mais, si le premier a surtout produit de très gros romans, le second a écrit de nombreuses nouvelles. On peut d'ailleurs se demander si, en étoffant les personnages secondaires et en ajoutant quelques histoires parallèles, Jean Ray ne serait pas facilement arrivé à faire d'une de ses nouvelles une trilogie à la manière de Stephen King.
 
Une telle rapidité d'écriture entraîne évidemment quelques défauts et quelques thèmes répétitifs, comme celui de la rue ou de la maison qui disparaissent. Le passionné de Jean Ray, celui qui, à quatorze ans, a passé des nuits blanches sur ses histoires noires et fantastiques, oubliera tout cela... Il reste que Jean Ray est un grand conteur à l'imagination formidable, de ceux qui vous prennent en haleine et ne vous lachent pas.
 
 
Jean Ray: le site d'un passionné. Une référence.